20.2.10

Je meurs, mais j’écris encore.



Les jours de ma vie d’auteur sont comptés, je suis en sursis. Je me sens dans la peau d’un diplodocus juste après la collision avec l’astéroïde, De Gaule après Mai 68, Mesrine coincé dans les embouteillage,porte de Clignancourt.« On » me fait comprendre que je fais des bouquins comme il y a dix ans, quand on pouvait se permettre de faire des livres sans princesse, sans lutin et sans dauphin. Fini. Terminé. Retour vers le futur.

L’an dernier, après avoir, un temps, essayé de faire dans le « commercial », j’avais pris la décision de revenir à mes principes de bases, ceux pourquoi, la plupart de ceux qui lisent régulièrement ce blog, m’apprécient. J’ai donc « pondu », sans concession : Aagun (prix Chrétien de Troyes) et Dieux (finaliste du Prix Baobab) entre autres. Oui mais voilà, il y a le retour de bâton. Je ne vends pas assez! Être gratifié de prix, ce n’est pas vendre et c’est souvent, hélas,signe du contraire. Je suis à la « ramasse » derrière les livres jolis, ceux qui dégoulinent de miel, avec paillette et tout le toutim ! Lors de certaines conférences, quand je disais que j’allais finir par me renier pour survivre, j’attendais juste qu’on me rassure, qu’on m’oppose des « je t’aime ». Mais là, si je ne fais rien, si je continue dans cette voie, je vais droit dans le mur.

Mon éditeur me demande « mon livre de Noël ».

« - Mon quoi ?

- Oui, tu sais bien, Coco, ne fais pas l’enfant, un gentil livre avec pleins de couleurs, l’histoire du poney qui voulait se teindre en blonde, ou bien de la sirène recueillie par une maman dauphin, enfin ! un truc de ce genre, à toi de trouver, c’est toi l’auteur ! Merde !

- Mais moi, je ne fais pas dans le livre de Noël, je fais juste des livres.

- Oui, ben justement, à ce propos, c’est quoi cette histoire de « maître des estampes » ? encore une de tes chinoiseries ?

-

- T’en as encore beaucoup des projets comme ça ? Parce que moi, j’en ai marre de voir la tronche des commerciaux quand je présente tes livres. Ils attendent des livres qui se vendent tout seuls rien qu’en annonçant le titre : « Pipo range sa chambre », « Fifi l’ourson premiers jours d’école », « Le père Noël a froid »… Avec Toi, il faut tout justifier: le titre! le graphisme ! Tu ne nous facilites pas la vie, et je suis gentil ! Et puis, tu sais, ça parle dans les couloirs, les gens du marketing ne t’aiment pas trop à ce qu’il paraît ! un comble pour toi qui vient de la pub. C’est vrai qu’en « produits dérivés papeterie » tu ne vaux rien ! de tes livres on ne peut tirer! aucune carte postale ! aucun protège-cahier ! Y’a pas de bonus avec toi ! Tu sais combien ils ont fait de chiffres d’affaires cette année, rien qu’ en papeterie, Gautier-Languereau ?!

- ….. ?????

Bon c’est clair, le vent a tourné.

Alors ? Qu’est ce qu ’on fait ?

Je me mets en quête d’une nouvelle maison d’édition, d’une nouvelle façon de concevoir mes livres ou d’un nouveau métier ?

Je vous pose la question.

(encourageurs s’abstenir, chèques acceptés à libeller à mon nom, on peut aussi déposer des pièces jaunes dans l’urne près de la caisse de la boulangerie "Chez Solange" à La Sauvetat, promesses de dons par téléphone au 008 265 22 00 (pas après 22H), vêtements usagés acceptés :taille 46 (ne vous moquez pas, c’est le stress qui me fait grossir).

Il y a un proverbe qui dit : En temps de crise, les gros maigrissent, les maigres meurent.

PS : tout compte fait, Taille 34 acceptée, il se peut que je mette du temps pour mourir.