L’été, j’en profite pour chercher de nouvelles histoires, de nouvelles directions que je développe l’hiver. Me voilà donc sur une nouvelle voie : je vais m’essayer, je dis bien m’essayer à la bande dessinée.
J’espère que dans quelques temps je pourrais créer un blog « Dedieu fait de la BD ». preuve que j’aurai trouvé un éditeur.
Il faut d’abord que je vous raconte mes premières tentatives pour rentrer dans ce monde particulier de la BD.
Pour moi c’était un monde étrange peuplé de boutonneux pour lesquels Victor Hugo ou Gustave Flaubert étaient des aliens. Les rares BD que j’avais eues entre les mains me tombaient d’icelles. Bref, pour moi, une autre planète. Puis un jour, je fus invité en même temps que Manu Larcenet à Pékin. Pendant ce séjour, je découvrais sous sa casquette d’ados un mec bien, cultivé, intelligent, au style graphique pointu doté d’une belle plume (la preuve :blog de Larcenet). Ce qui me fit changer d’avis sur ce petit peuple.Il y a quand même, et ça je n’en démord pas, un fossé presque abyssal entre les faiseurs et la grosse partie des liseurs. Mais bon…
La bande dessinée pour celui qui sait la manier est un formidable outil. L’auteur de BD peut, s’il en a les moyens intellectuels et la facilité technique, se prendre pour un Godard, un Fellini ou les Monty Pythons.
C’est lui qui décide où mettre la caméra, qui va découper l’histoire à sa manière, ajouter là un flash-back, ici un effet spécial. Quand on a un crayon à la main, on a les moyens d’un James Cameron ! tout est permis les limites ne sont qu’intellectuelles. Or donc, il y a quelques temps, séduit et encouragé par Manu, je me décidais à franchir le pas.
De retour de Chine me voilà en train de m’attaquer à la réalisation d’une BD, le scénario se résumait ainsi ; un chômeur en fin de droit se désespère sombre dans la déprime et la folie : pour se venger de cette société qui le rejette, il décide de faire la une des journaux en devenant sérial killer de façon très méthodique : d’où mon titre : Sérious killer.
Je dessine la moitié de l’album et le montre à Manu.
Wouaou ! c’est que… j’étais pas dans la norme (comme d’hab) et trouver un éditeur pour ce genre d’histoire et ce graphisme underground (c’est Manu qui le dit) ne s’annonçait pas aisé.
Par hasard une de mes amies connaît très bien un patron de maison d’édition de BD, un qui a son nom en toute simplicité au bas de chaque livre qu’il publie.Je monte à Paris, ma BD sous le bras pour ce fameux rendez-vous.
Je vous décris la scène. On est en hiver, je suis couvert jusqu’au cou, écharpe, manteau et gants de laine tricotés par maman. Je prends le métro (erreur fatale) dans les wagons c’est la canicule, dehors il fait moins cinq, je suis à la bourre, je cours dans les couloirs (deuxième erreur) et je n’ai pas le temps de me dévêtir rapport à l’heure, j’arrive enfin à destination. Mon amie m’attendait en bas de l’immeuble, j’ai dû lui décliner mon identité, car, à peine si elle me reconnaissait, mon visage n’était plus qu’un ballon de NBA orange violacé, mon essoufflement m’empêchait de prononcer deux mots en suivant et cerise sur le gâteau, j’avais un épi sur la tête qu’on aurait dit Titeuf. Je crois que ça a été le pire rendez-vous professionnel de ma vie. Quand je suis rentré dans le bureau du directeur, toujours ma pelure sur le dos, j’ai ouvert mon dossier de dessin qui a éclaté littéralement et tous mes dessins ont recouvert sa belle moquette, je me vois encore à quatre pattes sous son bureau en train d’essuyer les gouttes de sueurs qui tombaient sur ses genoux. Quand j’ai réapparu, j’étais incapable de remettre dans l’ordre mes dessins alors je lui ai résumé l’histoire le plus simplement possible: c’est l’histoire d’un chômage killer de la société à la une des journaux. Il m’a demandé de répéter ce que j’ai fait imperturbable: c’est une de journaux qui kill la société du chomdu. Je crois qu’il avait compris parce qu’Il ne m’a pas fait répéter. Mais c’est alors, qu’au lieu de me dire : votre histoire ne rentre pas dans notre ligne éditoriale, au lieu de cela, il m’a dit un truc étrange. Qui, du coup, malgré mon comportement, me faisait passer pour plus équilibré que lui, en regardant mes dessins il a dit : je vais vous donner un conseil : quand vous représenter un immeuble, il faut dessiner les volets, quand vous représentez une scène de petit-déjeuner, il faut dessiner les petites cuillères. Véridique. Croix de bois croix de fer si je mens je vais en enfer.
Les années ont passé. Je n’ai plus d’épi sur la tête. Et j’ai décidé de remettre le couvert en ciblant BD jeunesse. Avec mon ami Fred au scénario et à la couleur et moi au dialogue et au dessin, nous avons commis une histoire sur une bande de jeunes qui veut monter un groupe de rock. Ça s’appelle les chats noirs : la formation du groupe. Car nous espérons qu’il y aura une suite. À suivre.